mercredi 7 juillet 2010

Marcel Leroux

Interview du climatologue Marcel Leroux:

dimanche 6 juin 2010

Demain la décroissance ! Penser l'écologie jusqu'au bout.

Alain de Benoist interviewé le 22 avril 2008 sur Radio Bandiera Nera.









"Le réchauffement climatique" de Vincent COURTILLOT

Il est diplômé de l'École des Mines de Paris, de l'université de Stanford, et de celles de Paris 6 et Paris 7. Docteur ès sciences, Vincent Courtillot est professeur de géophysique à l’université Paris-Diderot. Il est également titulaire de la chaire de paléomagnétisme et géodynamique de l’Institut universitaire de France et directeur de l’Institut de physique du globe de Paris. Il a enseigné à Stanford, à l’université de Californie à Santa Barbara et au Caltech.




Le changement climatique “agrandit les îles”

  • Le Réchauffement Climatique n'a pas submergé les îles"
  • Certaines îles ont rétréci
  • La plupart sont restés stables ou se sont agrandies

une île de l'archipel du Tuvalu

Plusieurs îles du Pacifique que l'on croyait perdues face à la montée du niveau de la mer causée par le changement climatique se sont en fait agrandies, selon les scientifiques.

Une étude publiée dans New Scientist cette semaine a révélé que malgré les craintes de longue date de la disparition des îles de l'océan Pacifique dans les prochaines décennies en raison de la hausse du niveau de la mer dû au réchauffement climatique, ces îles ont réagi en fait face à la menace en s'agrandissant.

L'étude de 27 îles par l'Université d'Auckland et par la Commission des Géosciences du Pacifique Sud a constaté que sur les 60 dernières années, seulement quatre des 27 îles a rétréci, les autres ont été soit stables ou soit en croissance.

Sur la même période, le niveau de la mer a augmenté de 120 millimètres, soit 2 millimètres par an.

La raison réside dans la façon dont les îles ont été formées au fil du temps, selon l'étude, car celles-ci semblent réagir aux changements de conditions météorologiques.

L'érosion des coraux est le mécanisme de formation des îles du Pacifique et, comme le corail vivant fournit un approvisionnement continu en matériau, le vent et l'action des vagues permet une constante accumulation de débris sur les îles.

Les principaux événements météorologiques comme les cyclones ont renforcé les fondations des îles. Lorsque l'ouragan Bebe a balayé Tuvalu en 1972, les débris échoués sur l'île ont entraîné une augmentation de 10 pour cent de la taille de l'île principale.

Tuvalu est l'un des premiers groupes d'île dont on prédit la submersion par la montée des eaux causée par les changements climatiques avec une altitude de seulement 4,5 mètres.

Cependant l'étude a révélé que sept de ses îles se sont agrandies en moyenne de 3% depuis 1950.

Des résultats similaires ont été faits dans les environs de Kiribati, où trois des plus grandes îles habitées ont augmenté entre 10 et 30%.

Toutefois, l'étude prévient que la hausse du niveau des mers serait toujours une menace pour de nombreuses régions du monde, et que des facteurs tels que l'érosion ne pouvaient pas être écartée en tant que menace pour les îles.

Source, publication originale dans Global and Planetary Change


10% de CO2 en moins en 2010: les Anglais ont-ils réussi ?


Ce week-end, la fondation de Yann Arthus-Bertrand lance la version française de l'initiative mondiale 10:10. Objectif : que chacun réduise ses émissions de CO2 de 10% en un an. Réalisable ? En Grande-Bretagne en tout cas, après neuf mois d'opération, le bilan est difficile à tirer.

C’est dans l’immense ventre de la Tate Modern, un musée d’art moderne londonien, que la campagne avait été lancée, le 1er septembre 2010. Franny Armstrong, réalisatrice du film L’âge de la stupidité, appelait alors les entreprises, les collectivités locales et les citoyens britanniques à faire une cure d’amaigrissement carbone. L’engouement fut spectaculaire. En trois jours, 10 000 personnes ou institutions apposaient leur signature au bas d’une liste, s’engageant ici à éteindre ses lumières, là à moins prendre l’avion.

Neuf mois plus tard, qu’en reste-il ? Près de 80 000 individus, 2600 entreprises (dont Sony, Marks & Spencer, Microsoft ou Adidas), 3 000 écoles et universités et 1 500 conseils municipaux ont rejoint le train de 10:10. Le gouvernement fraîchement élu de David Cameron a même donné sa bénédiction et engagé tous les ministères à réduire leurs émissions de 10%. Mais les nuages de CO2 ont-ils vraiment régressé dans le ciel anglais ? Difficile à savoir.

Car si le site Internet fournit des conseils pour que chacun réduise son impact, les individus ne sont pas tenus au rapport. « Ce serait impossible d’aller vérifier les émissions de chacun, justifie Lizzie Gillett, de 10:10. Nous voulons simplement redonner aux gens le sentiment qu’ils peuvent changer les choses. »

Premier engagement chiffré pour les entreprises

Pour les entreprises ou les communautés locales, c’est un peu différent. Celles-ci doivent faire leur bilan (électricité, gaz, transport) à un an d’intervalle. Qu’en pensent les intéressés ? Les conseils municipaux sont déjà tenus à des objectifs de réduction et doivent rendre des comptes au gouvernement. « La campagne nous permet de réunir toutes nos initiatives et de mieux communiquer, souligne néanmoins Simon Chubb, responsable du programme Ville durable de Cambridge. Mais c’est vrai que nous aurions sans doute mené nos initiatives de toute façon. »

Les entreprises, elles, ont souvent pris à l’occasion de la campagne leur premier engagement chiffré. Problème : le bilan se fera sur la base de l’auto-déclaration. Pour éviter tout « greenwashing », les équipes de 10:10 se réservent néanmoins le droit de réclamer à tout moment les preuves de l’effort. « Nous n’avons pas vraiment l’intention d’aller jusque-là. Mais c’est une sorte de garantie pour nous. », concède Lizzie Gillett.

Un chiffre sortira-t-il du chapeau ?

Sans véritable contrôle, difficile de brandir le chiffre de 10% de réduction fin 2010. Comment pourront-ils mesurer la réussite ? « En général, le succès d’une opération de ce genre ne se mesure qu’à long terme », avance simplement Lizzie Gillett. En attendant, 10:10 a décidé de s’exporter à travers le monde. En France, la campagne sera lancée le 5 juin sous l’égide de Yann Arthus-Bertrand. Elle devrait être en tout point similaire à sa grande sœur britannique. Même liberté pour les individus – « de toute façon, on ne va pas aller fliquer les gens chez eux », souligne Arnaud Blond de Good Planet. La fondation fondée par Yann Arthus-Bertrand espère néanmoins pouvoir s’appuyer à l’automne sur le calculateur carbone en cours d’élaboration à la Fédération Nicolas Hulot.

Du côté des entreprises, la démarche est elle aussi la même. Mais l’équipe française croit foncièrement à la bonne volonté des candidats. « Évidemment qu’il y aura des vilains petits canards dans la bande mais aujourd’hui les entreprises apparaissent étonnamment responsables. Elles demandent le détail précis de notre méthodologie et ne veulent pas s’engager sans être sûres d’y arriver ». Au rayon des politiques, Good Planet espère bien rallier « au moins une partie du gouvernement et de l’Assemblée. » Parviendront-ils à sortir un chiffre de leur chapeau une fois la campagne achevée ? « J’espère qu’à la fin de l’année, on pourra dire : ’’on a économisé tant de tonnes de carbone’’, avance Olivier Blond. Ce serait sympa. » Et rassurant. Ça voudrait dire que des chiffres se cachent derrière l’étendard « 10:10 ».


Changement climatique: des politiques fondées sur de la pseudoscience.

Par Jean-Michel Bélouve

L'actualité du changement climatique s’accélère. Ce sont d’abord une succession de rendez-vous diplomatiques qui élargissent une fracture désormais béante entre les points de vue des pays occidentaux et ceux des pays en développement.

Mais surtout, sur le plan scientifique, de nouveaux témoignages viennent décrédibiliser encore plus les théories selon lesquelles l’effet de serre et les activités humaines auraient une influence prépondérante et catastrophique sur la température de la Terre.

Les lois de la nature contre la pseudoscience.

Que d’événements sur le front du changement climatique pendant cet été 2009 ! Commençons par faire le point de certaines connaissances scientifiques. Les dernières nouvelles achèvent de faire voler en éclat le dogme du réchauffement lié à l’effet de serre et aux comportements humains.

L'annonce qui jette un froid

Le 4 septembre, le scoop nous arrivait de Genève, où se tenait une conférence internationale de l’Organisation Météorologique Mondiale, organe de l’ONU qui partage la gestion du GIEC avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement.

Un vent glacial a soufflé sur l’assistance lorsqu’une des sommités mondiales de l’océanographie, Mojib Latif a déclaré que le monde allait connaître vingt années de refroidissement ! Plusieurs médias ont rapporté la nouvelle, à l’exclusion notable de la presse et des télévisions francophones, plus que jamais vectrices de la pensée unique.

L’un des articles est signé de Fred Pierce et a été diffusé sur le web par le « New Scientist ».

Ce qui est remarquable n’est pas tant l’annonce de ce refroidissement, prédit depuis plusieurs années par la minorité de ceux qui affirment la prépondérance de l’activité solaire dans les variations climatiques, tels le Russe Oleg Sorokhtine, le Canadien Kenneth Trapping ou l’Australien David Archibald. Mais il s’agissait de scientifiques sceptiques de longue date sur le réchauffement dû à l’effet de serre.

Mojib Latif est un climatologue et océanographe d’envergure mondiale, Professeur à la Division des Sciences de l’Océan à l’Université Christian Albrecht de Kiel, membre de l’Académie des Sciences de Hambourg, c’est surtout l’un des principaux contributeurs et rédacteurs du GIEC, jusqu’ici connu pour son soutien à la théorie officielle de l’effet de serre.

Quand au journaliste, Fred Pierce, il a depuis plus de dix années rendu compte des travaux du GIEC, en termes mesurés, mais favorables.

Le Professeur Latif a annoncé au prestigieux parterre des membres et invités de l’OMM que, durant les années qui vont suivre, une tendance naturelle au refroidissement allait dominer et masquer le réchauffement causé par les humains.

Ce refroidissement résulterait de changements cycliques des courants océaniques et des températures de l’Atlantique Nord, un phénomène du nom d’« Oscillation Atlantique Nord ». Bien plus, il affirme que les variations climatiques observées depuis trente ans seraient partiellement dues à cette oscillation océanique.

Celle-ci serait également à l’origine de l’atténuation de la sécheresse observée dans les années 1970 et 1980 dans le Sahel, des changements dans le régime des moussons, de la multiplication des tempêtes de l’Atlantique Nord et de la fragmentation des glaces arctiques, tous événements climatiques mis au compte de l’effet de serre jusqu’ici. Mojib Latif avait déjà publié ces conclusions dans la revue « Nature » en 2008. N. S. Keenlyside, J. Jungclaus, L. Kornblueh et E. Roeckner étaient cosignataires de l’article.

Le soleil réchauffe tout le monde, sauf les réchauffistes

Si les phénomènes océanographiques constituent de puissants facteurs de variabilité climatique, il en est autant de l’activité solaire. Dans un article fort remarqué, et occulté par les médias français, l’organe de presse scientifique de la NASA, « Science@Nasa », publiait, le 9 mars dernier, sous le titre « Les taches solaires sont-elles en train de disparaître ? », les observations faites au National Solar Observatory de Tucson, Arizona, par les chercheurs Matt Penn et Bill Livingstone.

On sait bien depuis près de deux cents ans que l’activité solaire se mesure aux nombre de taches qui apparaissent à sa surface et qui occasionnent un réchauffement à la surface de la Terre et des planètes du système solaire.

Or, le GIEC et ses contributeurs ont toujours soutenu que le soleil n’exerçait qu’une influence minime par rapport à l’effet de serre. La NASA a depuis toujours soutenu le GIEC dans ses thèses, notamment par la voix du très médiatique directeur de son Goddard Institute for Space and Technology, le climatologue catastrophiste James Hansen.

La baisse de l'activité solaire nous vaudrait plus de nuages

Penn et Livingstone observent quotidiennement l’activité de notre astre depuis 17 ans, ainsi que le lien entre cette activité et le champ magnétique créé par ces taches solaires. Ils ont noté, de 1992 à aujourd’hui, une baisse régulière et importante de ce magnétisme, et prévoient que si la tendance se poursuit, le magnétisme solaire aura complètement disparu en 2015.

Un événement similaire s’est déjà produit entre 1645 et 1715 : il est connu sous le nom de « Minimum de Maunder », période caractérisée par un climat plus froid, aux hivers rigoureux, et qu’on a qualifié de « Petite ère glaciaire ».

De nombreux observateurs ont constaté que le soleil semblait « en panne » de taches solaires depuis deux ans, et attribuaient à ce fait le rafraîchissement observé depuis.

Cependant, Penn et Livingstone mettent en évidence une tendance longue, et donc susceptible de nous apporter au minimum quelques années de froideur et peut être une nouvelle petite ère glaciaire de plusieurs décennies.

Expliquons ce phénomène : depuis 1990, le physicien Henrik Svensmark, directeur de recherches au Centre Spatial National du Danemark, a élaboré une théorie selon laquelle le magnétisme créé par les taches solaires déviait de leur trajectoire une partie des rayons cosmiques se dirigeant vers la Terre. Ce phénomène a été identifié depuis très longtemps et est incontestable.

L’apport de Svensmark est d’avoir remarqué que les particules cosmiques sont comparables aux particules à haute énergie dont les physiciens matérialisent la trajectoire dans des chambres à brouillard, enceintes humides au sein desquelles les particules laissent des traces de fines gouttelettes d’eau que les expérimentateurs photographient lorsqu’ils provoquent des collisions entre ces particules.

Svensmark en a conclu que les rayons cosmiques traversant l’atmosphère, qui contient une petite quantité de vapeur d’eau, devaient provoquer les mêmes condensations, et être à l’origine de la formation de nuages, à la manière des traînées blanches que les avions laissent dans le ciel.

Reprenant les mesures faites depuis quelques décennies, il a observé une très bonne corrélation entre l’augmentation du nombre de taches solaires et une élévation des températures, et vice-versa. Les nuages réfléchissent le rayonnement solaire, renvoyant une partie de leur énergie vers l’espace.

Lorsque la couverture nuageuse s’étend, suite à une baisse de l’activité du soleil, il fait plus frais. Lorsque les nuages disparaissent en conséquence d’un fort magnétisme des taches solaires, la température s’élève. Svensmark déduit de ses observations que l’activité solaire ne fait pas que réchauffer directement notre planète, mais que cette action directe est fortement amplifiée par la diminution du bombardement cosmique, ce qui provoque l’amenuisement de la couverture nuageuse. Il a vérifié ces conclusions dans une série d’expériences de laboratoire baptisée « SKY ».

Enfin des recherches expérimentales

Mais il reste à expliquer exactement comment on passe de la vapeur d’eau à la formation de gouttelettes de condensation. Pour le déterminer, une expérimentation dotée de financements importants et d’une équipe étoffée de chercheurs est en cours, dans les locaux de l’accélérateur de particules du CERN de Genève, sous la direction du physicien Jasper Kirkby.

Dans une conférence donnée en mai 2009, Jasper Kirkby a présenté une hypothèse sur la chaîne microphysique et microchimique aboutissant à la formation d’une gouttelette puis d’un nuage.

Interviennent dans le processus les particules cosmiques qui ionisent l’atmosphère : les ions agglutinent des aérosols qui forment le noyau autour duquel viennent se coller les molécules d’eau.

Jasper Kirkby attend avec confiance les expériences des prochains mois, destinées à valider cette théorie. Dans l’hypothèse d’une confirmation, l’influence indirecte de l’activité solaire sur le forçage énergétique du système climatique terrestre deviendrait prépondérante. Un grand pas serait accompli dans la compréhension du climat.

On peut regretter que cette expérience, réalisée avec les importants moyens du CERN, n’ait pas été menée dès la fin de la décennie 1990, alors que Svensmark devait se contenter des maigres moyens de son laboratoire de Copenhague pour son expérience SKY ; mais l’argent allait aux recherches sur la responsabilité humaine dans les dérèglements du climat, et non à l’étude de la nature…

Une bonne nouvelle qui ne l'est pas pour tous

Tant les informations nous venant de Mojib Latif sur l’influence océanographique, que de la NASA, de Svensmark et de Kirkby sur l’activité solaire, constituent des contredits sévères pour la thèse du GIEC sur l’influence des gaz à effet de serre et des activités humaines.

Mais surtout, elles démolissent les prévisions climatiques catastrophistes émises au vu des prédictions de la vingtaine de modèles climatiques de circulation générale (MCG) qui concourent aux analyses du GIEC.

Ceux-ci prévoyaient une élévation de la température moyenne de +0,20° C par décennie dès le début du XXème siècle. Non seulement nous n’avons aucune élévation de température depuis 1998, mais celle de nos océans est en baisse depuis 2003, et celle de l’atmosphère depuis 2007.

Si cette tendance doit durer, on peut penser que tout le travail fait au GIEC depuis vingt ans n’est qu’un déplorable gaspillage de temps et d’argent.

Certes Mojib Latif, défendant le GIEC avec héroïsme, prétend qu’après deux décennies de refroidissement, l’effet de serre redeviendra prépondérant et que les températures repartiront à la hausse.

Mais alors, Professeur Latif, si la variabilité naturelle du climat au 21ème siècle est si puissante qu’elle masque complètement et même qu’elle surpasse l’effet de serre, pourquoi la variabilité naturelle n’aurait-elle pas été suffisante pour expliquer la légère variation de température de 0,7° C constatée au XXème siècle, que vous attribuez, vous et vos partenaires du GIEC, aux émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine ?

Plus un objet est éclairé, plus il réfléchit

D’ailleurs, un camouflet cuisant va être maintenant infligé aux modèles et à leurs auteurs.

C’est le Professeur Richard Lindzen, titulaire de la prestigieuse chaire « Alfred P. Sloane » du MIT (Massachussetts Institute of Technology) qui les sanctionne dans un article du 27 juillet 2009 : Richard Lindzen était un des responsables d’équipes de rédaction du GIEC jusqu’à ce qu’il claque les portes de cet organisme en 2001.

Richard Lindzen et Yong Sang Choi réfutent sans ambiguïté la validité des modèles MCG (modèles de circulation générale) dans un article accepté pour publication le 20 juillet 2009 par la « Geophysical Research Letter ».

Après examen des données recueillies au cours de la mission ERBE (1985-1999) du satellite ERBS de la NASA, les auteurs démontrent qu’à une élévation de température le système climatique répond par une augmentation du flux lumineux visible s’échappant de l’atmosphère vers l’espace, ce qui signifie une perte d’énergie solaire pour la Terre.

Une telle variation ne peut provenir que de l’augmentation de la surface de la couverture nuageuse, et indique une rétroaction négative du système qui, ainsi, limite naturellement l’échauffement.

C’est tout le contraire qu’indiquent les modèles MCG, programmés il est vrai, pour induire une rétroaction positive des nuages. L’un des principaux intérêts de l’article, pour le public, est de présenter une série de graphes très explicites et facile à comprendre pour les non spécialistes.

Les graphes ci-dessous présentent, en abscisse les variations de température, et en ordonnée, les variations de flux énergétique sortant de l’atmosphère dans le spectre de lumière visible.

Le modèle MCG français de l’Institut de Physique Simon Laplace (IPSL) est l’un des modèles présentés. Ces deux graphes tirés de l’article de Lindzen et Choi présentent, à gauche des mesures réalisées dans le cadre de la mission ERBE, à droite les prévisions correspondantes du modèle de l’IPSL.

Les données ERBE montrent que l’énergie perdue par la Terre est d’autant plus élevée que la température augmente, ce qui constitue une rétroaction négative à l’augmentation de température.

Celle de l’IPSL indique au contraire que lorsque la température augmente, la Terre perdrait moins d’énergie et donc se réchaufferait encore plus, ce qui résulte du fait que le modèle IPSL est programmé pour faire apparaître une rétroaction positive.

l’IPSL n’est pas le seul institut à avoir choisi cette option. Tous les modèles retenus par le GIEC pour ses évaluations prévoient une rétroaction positive. Lindzen présente les résultats de onze d’entre eux dans son article, et les courbes ressemblent toutes à celle de l’IPSL. Sur l’image ci-dessus, les 11 graphes présentés par Lindzen et Choi ont été regroupés par commodité sur un seul graphique.

L’article de Linzen et Choï peut être téléchargé. Jean Martin en fait le commentaire en français sur « Pensée Unique » , et Vincent Bénard, citant Jean Martin, commente tout cela d’une plume acerbe sous le titre provocateur « Changement climatique : les modèles du GIEC bons pour la poubelle ».

La théorie de l'effet de serre ne reposerait-elle que sur une absurdité mathématique ?

Or les théories que professent le GIEC ne se fondent que sur les simulations si gravement prises en défaut opérées par ces modèles. Aucune expérience scientifique n’a jamais prouvé ni montré l’existence de l’effet de serre. Cette théorie ne se fonde que sur un raisonnement physico-mathématique faux qui sera exposé un peu plus loin et sur des centaines de simulations informatiques dont les modèles ont été validés sur le seul fait qu’ils reproduisaient convenablement les variations de température du 20ème siècle. Pour cela, il a fallu procéder à des ajustements ardus et imaginer des émissions d’aérosols polluants qui auraient masqué les effets dudit effet de serre pendant la période de refroidissement allant de 1950 à 1975 !

Le fait que ces modèles aient été incapables de reproduire les températures de la période 1998-2009 devrait logiquement conduire à l’annulation de leur validation antérieure. Eh bien non, on se contente de demander et d’obtenir d’énormes crédits publics supplémentaires pour mettre au point des modèles encore plus sophistiqués et complexes et les mettre en œuvre sur des batteries d’ordinateurs toujours plus puissants.

Gageons qu’il en sortira des courbes de températures en régression jusqu’en 2030, suivies d’envolées stratosphériques du thermomètre, la variabilité naturelle du climat disparaissant par magie après cette date.

Des prédictions constamment contraires à des observations cruciales

Mais il y a pire ! Ces modèles, auxquels on avait réussi à faire reproduire les températures de l'atmosphère au siècle précédent, ne reproduisent en rien les autres paramètres climatiques !

Ils prédisent des évolutions totalement opposées aux observations scientifiques faites par ballon-sonde et par satellites sur l’évolution de l’humidité atmosphérique et les nuages. Pour leur part, les modèles évoquent une augmentation de l’humidité atmosphérique en relation avec l’augmentation du taux de CO2, ce qui est indispensable pour obtenir les hausses de températures désirées, alors que les mesures effectives montrent au contraire une baisse continue de l’humidité de 1948 à aujourd’hui.

Les modèles, qui sont incapables de simuler la formation des nuages, se contentent de se référer à des évaluations statistiques faisant apparaître une augmentation de la couverture nuageuse de 1984 à 1999, alors qu’au même moment la campagne d’observation par satellite déjà citée (ERBE) montrait au contraire une diminution de cette couverture nuageuse, suffisante pour expliquer la hausse de température survenue dans cette période, sans aucun besoin de recourir à l’effet de serre.

Tout cela est expliqué dans un de mes articles présenté par Vincent Bénard sur Objectif Liberté : « Le CO2 n’est pas le Responsable ».

En dehors des virtualités climatique des modèles, avons-nous dit, les théoriciens de l’effet de serre se basent sur un calcul d’un simplisme confondant, montrant que l’action du soleil justifierait une température moyenne de la Terre de -18° C, alors que la température moyenne réelle est de +15° C, et que la différence de +33° C ne peut provenir que de l’effet de serre.

Or, dans un volumineux document datant de février 2007, deux Allemands, le professeur de physique mathématique Gerhard Gerlich et le Docteur ès Sciences Ralf Tscheuschner ont démontré, entre autres, que les conclusions de ces théoriciens traduisaient une grave erreur de calcul : en fait, un calcul mathématiquement exact appliqué à leur théorie aboutirait à une température de... -129° C.

Dès lors, la preuve était faite que les prémisses physiques adoptées par ces théoriciens étaient non pertinentes.

Gerlich et Tscheuschner n’ont obtenu la publication de leur mémoire que le 30 janvier 2009, dans la prestigieuse revue « International Journal of Modern Physics ». C’est que les revues scientifiques sont dures à convaincre par les rédacteurs de textes qui dérangent. A ce jour, personne n’a réfuté les diverses conclusions des Allemands qui réfutent point par point la théorie de l’effet de serre.

De la pseudo-science subventionnée

La conclusion qui découle de tout cela est qu’il n’y a rien de fondé dans la théorie de l’effet de serre et du réchauffement climatique, qui se révèle n’être que de la pseudoscience.

Pourtant, c’est elle qu’on enseigne le plus souvent dans nos universités aux étudiants qui préparent mastères, Capes et agrégation. C’est elle que des climatologues réputés font figurer dans leurs livres et manuels, par psittacisme ou par complaisance. C’est d’elle que les grands médias occidentaux s’emparent en en exagérant à l’excès les conclusions alarmistes pour vous angoisser, vous culpabiliser et vous désinformer.

Une erreur qui vous coûtera cher

Plus grave encore, c’est à elle que les décideurs politiques font appel pour vous imposer des taxes carbone, des paquets climat énergie, des contraintes coûteuses sur les logements qu’on vous construit, les automobiles que vous achetez, pour signer des traités internationaux conclus sans vous consulter et qui ruinent votre avenir, celui de vos enfants et de toute votre descendance

Et vous pouvez, légitimement vous demander comment cela est possible !

La machine infernale du changement climatique.

De tous temps, les femmes et les hommes ordinaires ont admiré les savants et fait confiance à la science. Copernic, Galilée, Newton, Pasteur et Einstein sont au Panthéon des personnages mythiques d’une histoire qui nous comble de fierté.

Hélas, le pouvoir politique du XXème siècle va tenter de soumettre la science à ses ambitions, et souvent, elle y parviendra. Qu’on se rappelle la monumentale aventure de l’opération Manhattan qui a conduit à la réalisation des bombes atomiques de Hiroshima et Nagasaki, et fortement influencé toute la géopolitique de la deuxième moitié du siècle précédent.

Qu’on se rappelle aussi, hélas, les théories raciales promues par les nazis (et d’autres !), et le Lyssenkisme qui a sévi sous Staline.

Un budget de recherche multiplié par 33... à condition d'aller dans un seul sens

Jusqu’en 1988, la jeune science climatique, toujours immature, recevait annuellement 180 millions de dollars de subventions des états occidentaux.

Sitôt le GIEC constitué, le budget annuel a bondi à deux milliards de dollars, essentiellement attribués à la recherche sur l’effet de serre, le réchauffement et la responsabilité humaine. Cette enveloppe a atteint cinq milliards de dollars à la fin des années 1990 et dépasse aujourd’hui les six milliards de dollars.

Profiteurs de la Vérité Officielle

Cette manne a profité à la NASA, alors déconsidérée pour les mésaventures tragiques de la navette Challenger, à la vingtaine de centres qui ont développé et mis en œuvre les modèles climatiques dont nous avons constaté l’inefficacité, et surtout a provoqué le création d’une multitude d’emplois de chercheurs dont la carrière ne dépend que d’une chose : démontrer la responsabilité humaine dans une évolution climatique potentiellement catastrophique.

Ajoutons aux salaires perçus par les chercheurs besogneux les ponts d’or faits aux mathématiciens d’exception qui se consacrent au développement de modèles et dont certains touchent des salaires qui se comparent à ceux de stars du football, la pluie d’honneurs qui se déverse sur les climatologues les plus médiatiques tels l’excessif James Hansen de la NASA qui multiplie les conférences à $80.000 l’unité et se voit comblé de récompenses scientifiques dont les gratifications se chiffrent en millions de dollars.

Célébrités locales

A notre petit niveau national, observons l’ego des stars locales que sont devenus Nicolas Hulot ou Hubert Reeves, ou encore l’influence subreptice de Jean Jouzel, directeur de l’IPSL, dont Richard Lindzen vient de ridiculiser les modèles, et qui trouve dans la manne publique ce qu’il faut pour faire vivre son Institut, tout en se parant du titre prestigieux et rémunérateur de Vice-président du GIEC et de consultant ayant l’écoute du Président Sarkozy.

Ce que vous dévoile la première section, les Français ne l’ont jamais lu dans leurs journaux habituels, ni vu à la télévision ou écouté à la radio.

Ou alors, il s’agit d’anglophones capables de lire et d’entendre ce que diffusent certains médias anglo-saxons.

Les habitués d’Internet peuvent apprendre pas mal de choses en consultant Pensée Unique, Skyfal et Objectif Liberté. Mais l’internaute qui lit l’anglais dispose d’une source inépuisable d’informations sur les dérives que le présent article dénonce.

La mission du journaliste est de publier toutes les informations utiles à la connaissance des lecteurs et concourant à un exercice efficace de leur droit de vote et de leur participation citoyenne.

En matière climatique, nos journalistes et communicants, dans leur majorité, ont choisi une autre voie. Ils veulent faire de la pédagogie, apporter leur soutient inconditionnel aux thèses de l’écologisme politique, réceptacle de toutes les rancœurs anticapitalistes, anticonsuméristes, altermondialistes et marxo-trotskystes. Comment en sont-ils arrivés là ?

Leur histoire fera le sujet d’un futur article. Mais les griefs les plus durs sont à réserver à nos décideurs politiques d’Occident.

Instituer une dictature de la peur

Toutes les décisions politiques nationales, européennes et mondiales sur le climat sont inspirées par le dossier scientifique exposé en première section.

La source unique en est le résumé pour décideurs politiques du GIEC, qui synthétise les volumineux rapports de mille pages des rédacteurs en en expurgeant toutes les réserves, les atténuations et les doutes : un document politique, et non pas scientifique, censé incarner le « consensus » de la communauté scientifique.

Anti-démocratie

Les gouvernants occidentaux prennent, sans consulter les populations, des orientations et des décisions qui obèrent leur avenir et celui de leur descendance pour cent ans et plus ! Est-ce aveuglement, ou choix délibéré ?

En terrorisant les individus, et en condamnant tous les gestes qu’ils accomplissent quotidiennement pour leur confort, ils font accepter des décisions contraires à l’intérêt public, dommageables pour les finances et les libertés individuelles.

Diffusion de fausses nouvelles

Ce qui apparaît patent, c’est que l’opération de désinformation dont les citoyens sont victimes, conduit ces derniers à des opinions et des choix électoraux fondés sur de la pseudoscience.

Il est atterrant que des responsables politiques exercent des options capitales pour l’avenir de nos sociétés au vu d’un dossier aussi peu crédible que celui de l’effet de serre d’origine humaine.

Leur démarche est contraire à toutes celles qu’on enseigne aux gestionnaires d'entreprise, à savoir poser le problème de façon pertinente, examiner toutes les éventualités, et, pour chacune d’entre elles, déterminer et évaluer toutes les solutions possibles.

A quoi ces comportements nous mènent-ils ?

KYOTO : la destruction industrielle de l’Occident

Ainsi que je le précisais dans mon article précédent, le Protocole de Kyoto a fait une distinction contestable entre 38 pays dits développés ou industrialisés, contraints à des limitations d’émissions de gaz à effet de serre et à des politiques de contrainte et de taxations, et 129 pays en développement, libres d’émettre tous les gaz que bon leur semble.

La distinction, pour la plupart des gens, repose sur la sélection de pays trop riches et gros consommateurs d’énergie, d’une part, et de pays pauvres qui ont besoin de progresser au plan économique d’autre part. Les 38 pays pénalisés figurent à l’annexe B du Protocole.

En fait, la distinction ne repose pas sur la prospérité respective des uns et des autres.

En rapprochant la liste des 38 du classement des pays dans l’ordre décroissant des PIB par habitant, on constate que les six premiers sont le Luxembourg, la Norvège, le Danemark, l’Islande et les Etats-Unis.

Contre les riches ou contre les blancs ?

Mais le septième, les Bermudes, malgré 41875 US$ de PIB/habitant, fait partie des pays exonérés de toute obligation. Il est vrai que c’est une nation d’Amérique Latine. Un peu plus bas, on voit apparaître en 24ème position, Singapour, avec US$ 27842 par tête, puis de la 27ème à la 31ème place, les Emirats Arabes Unis, Koweït, Brunei, le Groenland, les Iles Caïman, se situant entre 24200 et 20700 US$ par tête. Figurent encore dans le Top 50 Aruba, Israël, le Qatar, Taïwan, Macao, les Bahamas, Bahrein, tous pays « en développement » autorisés à émettre tous les gaz à effet de serre qu’ils désirent.

Dans la liste des pays soumis à contraintes et limitation, figurent la Lituanie (84ème), la Lettonie (85ème), la Russie (101ème, 4466 US$/habitant), la Bulgarie (110ème), la Biélorussie (124ème) et enfin l’Ukraine, 148ème, dont les habitants sont est encore plus pauvres que ceux de la Chine (145ème).

La richesse n’est donc pas le critère déterminant. On peut observer que la liste des 38 pays de l’annexe B sont des pays à ethnie majoritaire blanche. Même si ce n’est pas le critère déterminant, cela reste une indication.

En fait, la liste B regroupe tous les pays qui ont plus ou moins connu une industrialisation précoce.

Pourquoi les pays européens ont-ils accepté un partage sur un tel critère ? Je n’ai pas de réponse à cette question.

Pour les USA, on peut répondre : la délégation américaine était conduite par Timothy Wirth, le poulain d’Al Gore, agissant avec la bénédiction de Bill Clinton dont on connaît les sympathies pour le Nouvel Ordre Mondial.

De cette répartition inique va naître la principale tare du Protocole de Kyoto. Mais il convient de se référer aux paroles du grand artisan du Sommet de la Terre de Rio, en 1992, de la Convention-Cadre des nations Unies sur le Changement Climatique (1992, CCNUCC), et du Protocole lui-même, j’ai nommé Maurice Strong, maître incontesté des questions environnementales à l’ONU, et qui a fait de surprenantes déclarations :

« Nous devons en arriver au point où le salut du monde viendra de l’effondrement de la civilisation industrielle ». « Le seul espoir pour la planète n’est il pas l’effondrement de la civilisation industrielle ? N’est il pas de notre responsabilité de le provoquer ?»

Maurice Strong préconise pour l’Occident:

« la recherche de la pauvreté, de la réduction de consommation des ressources et la fixation de normes de mortalité ».

N’oublions pas enfin l’admiration du Canadien pour le système politique chinois : pour lui, la Chine

« s’embarque sur une voie distincte et sans précédent vers un nouveau modèle de développement basé sur l’utilisation des méthodes du capitalisme pour réaliser les objectifs du socialisme, une économie de marché socialiste ».

Toute la construction du système dont sont issus le GIEC, la CCNUCC, les politiques liées au changement climatique, le développement durable et les principes défendus par le GIEC en vue de la Conférence climatique de Copenhague sont issus d’une idéologie environnementale née des travaux du Club de Rome, de l’action du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, de la Commission Brundtland (1984-1987).

Contre la liberté et la richesse des autres

Cette idéologie veut détruire la croissance, réduire la population mondiale par des moyens non précisés, et recourt à la stratégie de la peur, fondée sur le changement climatique catastrophique, pour faire aboutir un certain nombre de projets liberticides et destructeurs de richesses.

Il convient de citer, à ce sujet, le rapport d’Alexander King et Bertrand Schneider, respectivement Président et Secrétaire général du Club de Rome, diffusé en 1993 sous le titre « La Première Révolution Globale » :

« La possibilité d’un changement climatique irréversible avec des conséquences difficilement prévisibles est une menace imminente. De tels éléments de la problématique actuelle ont un caractère global et ne peuvent pas êtres combattus par des puissances isolées, même les plus grandes. Ce n’est que si les habitants de la planète réalisent qu’ils sont en face de dangers imminents et collectifs, qu’un pouvoir politique universel sera généré en vue d’une action unie pour assurer la survie de l’humanité ». Page 4.

Et plus loin :

« En cherchant un ennemi commun à combattre, nous en vînmes à l’idée que la pollution, la menace de réchauffement global, les pénuries d’eau, la famine et autres dangers du même genre feraient l’affaire. Dans leur totalité et dans leurs interactions ces phénomènes constituent une menace commune que tout le monde doit affronter ensemble».

« Mais en désignant ces dangers-là comme étant l’ennemi, nous tombons dans le piège, dont nous avons déjà entretenu nos lecteurs, à savoir prendre les symptômes pour la cause. Tous ces dangers sont causés par l’intervention humaine dans les processus naturels, et ce n’est que par des changements d’attitude et de comportement qu’ils peuvent être surmontés. L’ennemi véritable, c’est l’humanité elle-même ». Page 75.

(Les numéros de page correspondent à ceux du document téléchargeable pointé par le lien ci-dessus) Ces idées sont celles qui animent la politique dite du « Nouvel Ordre Mondial », définie par le Président américain George H Bush en 1992, et promue par David Rockefeller, Henri Kissinger, Bzigniew Brzezinski, les Clinton, Maurice Strong, Al Gore, José Manuel Barroso et plusieurs personnalités de haut rang en Amérique du Nord, au Japon, en Europe et en France.

Ce mouvement vise à une mondialisation destructrice des souverainetés nationales et de la démocratie, et voudrait mettre à la tête du monde une élite éclairée de banquiers et d’intellectuels qui se prétendent capables de résoudre les grands problèmes globaux de changement climatique, de terrorisme, d’épidémies, de guerres, de dissémination nucléaire, de surpopulation, de monnaie unique globale, de trafics de drogue, d’épuisement des ressources naturelles, etc.

Cette politique est en germe dans le Protocole de Kyoto. Le but des champions du Nouvel ordre Mondial est de la consacrer par des mesures décisives à Copenhague, en décembre 2009.

Il s’agit d’imposer à l’Occident des contraintes telles qu’elles vont nécessairement réduire son potentiel économique, abaisser le pouvoir d’achat et les revenus de ses habitants, et faire émerger de nouveaux pays tels la Chine, l’Inde, le Brésil, libres de développer leurs économies comme bon leur semble, bénéficiaires des largesses de l’Occident condamné à verser une part de son PIB et de transférer massivement sa technologie aux pays en développement, pour prix de sa responsabilité historique dans l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère et de la surconsommation des ressources naturelles par ses habitants.

Pour ces élites apatrides, qui associent les principaux magnats des affaires et des banques à des politiciens de haut rang, affaiblir l’économie occidentale et promouvoir celle des pays pauvres n’offre que des avantages, des occasions exceptionnelles d’affaires et de domination.

Le projet exclusif de dirigeants qui haïssent ce qu'ils sont

Il ne faut cependant pas redouter à l’excès les ambitions mégalomaniaques de ce mouvement. La Chine, l’Inde, la Russie, l’Australie, voire le Japon, n’adhèrent pas à cette idéologie et abordent Copenhague avec des atouts et des ambitions qui se situent à l’opposé des rêves de l’environnementalisme politique et du Nouvel Ordre Mondial.

La Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Mexique ne veulent qu’une chose : la croissance économique. Le CO2, ils s’en moquent et n’y croient pas. L’Afrique sub-saharienne se rassemble autour d’une unique ambition : obtenir un maximum d’argent des pays occidentaux, et peu leur importe le reste.

Parmi les nations occidentales, l’Australie s’éloigne toujours plus de l’esprit de Kyoto. Son sénat vient de rejeter une loi qui voulait instituer des contraintes en matière d’émissions de gaz à effet de serre, de bourse aux crédits carbone et de taxations environnementales. Il en est de même de la Nouvelle Zélande.

Les autorités japonaises restent silencieuses, dûment averties par leur Conseil scientifique qui voit dans les prédictions des climatologues des élucubrations de nouveaux prophètes et charlatans.

La Russie, qui a bénéficié de dispositions favorables du Protocole de Kyoto à son égard et obtenu en échange de sa ratification de pouvoir entrer dans l’OMC, prend de la distance maintenant qu’il s’agit de faire des efforts, et rappelle, à juste titre, qu’elle est bien moins prospère que de nombreux pays dits en développement et exemptés de toutes contraintes. Ses ambitions de croissance économique et la forte dépendance de ses finances aux marchés du gaz et du pétrole l’incitent à la prudence vis-à-vis de nouvelles initiatives climatiques.

Les pays européens sont divisés. La plupart d’entre eux ne veulent pas envisager que la Chine et l’Inde continuent à être absentes de l’annexe B.

Les champions

En définitive, les seuls gouvernements à vouloir aller résolument de l’avant dans l’auto-flagellation climatique sont ceux d’Obama, du Royaume Uni, de France, d’Allemagne et de Suède.

Encore faut-il qu’Obama voie aboutir sa loi Clean Energy and Security Act, connue sous le nom de Waxman-Markey Bill. Or le vote du Sénat en sa faveur parait de moins en moins assuré, et si le Président américain voyait sa politique environnementale désavouée et son rêve de leadership climatique mondial brisé, il ne pèserait pas d’un grand poids dans les négociations de fin d’année.

Spécialités locales

Un mot de la politique du gouvernement français, ardent défenseur du paquet climat-énergie européen, initiateur d’une contribution climat énergie qui dresse 75% des français contre elle.

Le Premier ministre François Fillon a reçu en juin dernier une note de veille sur la position chinoise de la part du Centre d’Analyse Stratégique (CAS). Cet organe a pour mission d’éclairer le Gouvernement dans la définition et la mise en œuvre de ses orientations stratégiques en matière économique, sociale, environnementale ou culturelle.

Le CAS commence par un éloge de la Chine et de son gouvernement pour sa politique environnementale. Il rappelle ensuite le refus catégorique de la Chine de s’engager sur des objectifs de limitation d’émission de gaz à effet de serre, sur son exigence de voir les pays développés réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 40% par rapport à celles de l’année de référence 1990, verser 1% de leur PIB aux pays en développement et réaliser des transferts massifs de technologie en faveur de ces pays émergeants.

Magnanimité chinoise

Elle confirme le refus farouche de la Chine de voir s’établir des taxes aux frontières sur les produits chinois, ainsi que le souhaite Nicolas Sarkozy et que le prévoit le Waxman Markey Bill. Mais le Centre d’Analyse Stratégique pense que la Chine finira par s’accommoder d’une réduction limitée à 25% des émissions des pays de l’annexe B, d’un versement de 0,5 % seulement des PIB des 38 pays de cette annexe, pourvu que les occidentaux procèdent à des transferts massifs de technologie et, surtout, souscrivent à une modification des règlements internationaux sur les droits à la propriété industrielle (DPI) qui aboutirait à plus de tolérance en faveur des contrefaçons chinoises !

En filigrane, on perçoit le conseil du CAS de saisir cette occasion inespérée d’aboutir un accord à Copenhague. Fort heureusement, la France n’est pas seule et n’influera que modestement au sein des pays engagés dans cette foire d’empoigne.

Les chances d'un échec

Copenhague aboutira probablement à une décision de principe pour poursuivre les négociations en 2010 et 2011. La situation présente n’augure pas d’un accord pour décembre prochain.

D’ici 2011, nous aurons acquis plus de certitudes en matière de science climatique, et subi peut-être un ou deux hivers rigoureux.

Il serait étonnant, et pour tout dire attristant, de voir les populations demeurer éternellement passives devant les manipulations et les spoliations dont elles sont victimes.

Mais les défenseurs acharnés de l’effet de serre et les écologistes activistes ne désarmeront pas, ancrés dans une sorte de dissonance cognitive qui les empêche de tenir compte des réalités. L’affaire du changement climatique risque d’évoluer vers des fractures idéologiques et sociales, voire même des affrontements, au sein des populations trop engagées dans la lutte contre le prétendu effet de serre.

De tous ces désordres, il faudra bien que certains responsables rendent un jour des comptes!

dimanche 2 mai 2010

Réchauffement climatique, faux débat !

Interview de Jean-Michel Vernochet essayiste, journaliste et géopolitologue.

Sa formation:

* Maîtrise spécialisée d’Ethnographie. Paris IV Sorbonne

* Maîtrise de Droit International du Développement. Troisième cycle - Diplômes d’Études Approfondies : DEA “Droit du développement” U. Paris V René Descartes

* DEA “Ethnologie” Université Paris VII Jussieu. DEA “Philosophie” Université Paris IV. Sorbonne

* Ancien élève de l’École nationale des langues orientales vivantes (ENLOV) et de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)

* Vacations de recherche au Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France

Ses livres:

* La mémoire de l’oubli, Recueil d’aphorismes. Éditions Lettres du Monde 1990 (Denys Rousselot)

* Solstice, Fragments II. Recueil d ‘aphorismes. Éditions Lettres du Monde 1990 (Denys Rousselot)

* L’Islam révolutionnaire, Analyses géopolitiques avec Ilich R. Sanchez. Éditions du Rocher 2002

* Vivre au Soudan aujourd’hui, (Collectif) Édtions Le temps des cerises 2005.

* Le chemin de Damas, (collectif) Éditions Le temps des cerises 2007.

* Manifeste pour une Europe des peuples, Collectif sous la direction de J.M.
Vernochet. Éditions du Rouvres2007.

* Europe, chronique d’une mort annoncée, Éditions de l’Infini 2009.







dimanche 25 avril 2010

Droite radicale et écologie : le cas d'Alain de Benoist (Bruno Villalba)



Alain de Benoist, intellectuel du Groupement de Recherche et d'Etudes pour la Civilisation Européenne, le GRECE, chef de file de la Nouvelle Droite, a construit un discours critique à l'encontre de la Modernité. A la fin des années 80, il fait de la question écologique un point central dans le renouvellement d'une pensée radicale de droite. Au point qu'il se présente avant tout comme écologiste. Certes, sa pensée est mouvante, basée sur une logique de l'opposition et de la critique, mobilisant l'anti-libéralisme puis l'anti-individualisme, sans oublier le tiers-mondisme, alors pourquoi pas l'écologie ? Delphine Pouchain qualifie cette évolution d'appropriation stratégique, qui vise à normaliser son évolution idéologique et, surtout, légitimer les thèses de la droite radicale, en les associant à des thématiques plus légitimes ; les thèses de la Nouvelle Droite sont ainsi écologisées... (Delphine Pouchain, Alain de Benoist : une appropriation tactique de l'écologie, Lille 2, IEP, 1999). Selon lui, l'écologie interroge les rapports entre l'homme et la nature, critique l'idéologie du progrès (notamment dans son "culte de la croissance et du productivisme") et se présente comme une alternative radicale, seule solution pour le devenir de l'humanité ; elle est fondée sur une nouvelle réflexion sur le long terme, sur notre responsabilité et sur l'idée de beauté.

Ce que révèle cette écologie d'Alain de Benoist, ce sont des lignes d'engagement partagées avec l'écologie politique de gauche. Il y a tout d'abord une posture d'opposition à un ordre établi, celui du libéral-productivisme (l'écologie doit "contester radicalement l'axiomatique de l'intérêt, le paradigme économique et le pouvoir absolu des valeurs marchandes", Éléments, n° 66, 1989). Il y a ensuite la dénonciation de l'utilitarisme ("Ecologie ?", Krisis, n°15, 1993). Il y a encore l'exaltation d’une vision communautaire (même si elle est plus communautariste chez cette droite radicale), qui n’entend pas dissocier le bonheur individuel d’une insertion réussie dans le milieu humain. Alain de Benoist valorise aussi, pêle-mêle, la réduction du temps de travail, le régionalisme, le culte de la diversité, la démocratie directe... La méthode théorique utilisée est aussi largement partagée : en voulant construire de "nouvelles synthèses" (Eléments, n°94, 1999), l’objectif est d’amorcer une autre perception du monde, valorisant la complexité de nos interactions avec les autres peuples, mais aussi le monde animal et végétal, en tenant compte des limites de notre monde et de ses ressources. Il s’appuie alors sur des concepts comme la "co-appartenance" ou bien la notion de "valeur inhérente" (qui rejette l’idée d’une valeur instrumentale ou intrinsèque de la nature, au profit d’une valeur fondée sur la responsabilité de l’homme).

Ces lignes de partage entendent faire disparaître les distinctions profondes qui existent entre cette écologie-là et celle des Verts par exemple. L’usage des mêmes mots traduit très souvent des réalités différentes... Même si certaines phrases ("L’écologie est évidemment très proche du paganisme, en raison de son approche globale des problèmes de l’environnement, de l’importance qu’elle donne à la relation entre l’homme et le monde, et aussi bien sûr de sa critique de la dévastation de la Terre sous l’effet de l’obsession productiviste, de l’idéologie du progrès et de l’arraisonnement technicien", Eléments, n°89, 1997) résonnent étrangement... L’importance de l’idée d’égalité, fondamentale chez les écologistes, est minimisée par Alain de Benoist ; selon lui, la véritable écologie est forcément anti-individualiste. La "parenté" qui existerait entre l’écologie et le paganisme (Eléments, n°79, 1994) n’est pas non plus présente dans les rhétoriques des écolos de gauche. Les thématiques de la "décadence", de "l’ethnicisme"... sont absentes des structures fondamentales de l’écologie de gauche. Notons, surtout, une vision distincte des droits des peuples (Eléments, n°109, 2003), qui, au sein de cette droite, se caractérise par une dimension néo-traditionnaliste (logique de l’enracinement par exemple ou de l’esthétique intemporelle de la Terre). Signalons enfin, l’antagonisme profond sur des questions comme la sociobiologie ou la référence à une prétendue "loi naturelle" à laquelle nous devrions nous soumettre... Cette écologie-là, reste largement ambiguë, moins par son contenu (flou, complexe et contradictoire) que ses intentions politiques.

Bruno Villalba, EcoRev', mai 2005

"Demain la décroissance" d'Alain de Benoist : un livre dangereux (Paul Ariès)



Alain de Benoist n'est pas un faux ami de la décroissance mais un vrai adversaire. Ancien de la Fédération des étudiants nationalistes, défenseur de l'Algérie française, co-fondateur du Groupement de Recherche et d'Etudes pour la Civilisation Européenne (GRECE), Alain de Benoist est le patron de la mouvance de la nouvelle droite. Ancien du Figaro-Magazine, théoricien antiraciste mais au nom d'un droit à la différence, auteur prolifique, patron des revues "Krisis" et "Éléments" où il écrit également sous le pseudonyme de Robert de Herte, etc., Alain de Benoist œuvre depuis un demi-siècle à rendre l'extrême-droite fréquentable.


Aussi, lorsque j'ai appris que le principal chef de file de la nouvelle droite européenne se ralliait officiellement à la décroissance en publiant un ouvrage intitulé
Demain la décroissance, j'ai eu mal à mes convictions, car je sais bien que pour être infiltré il faut souvent être perméable. Existerait-il donc dans nos thèses une fragilité telle qu'elles pourraient être retournées ? La décroissance pourrait-elle servir de bannière à d'autres causes que les nôtres ? Se pourrait-il que les objecteurs de croissance fassent, malgré eux, un sale travail au profit de nos pires adversaires ? Là-dessus, la lecture du livre d'Alain de Benoist est plutôt rassurante : le chantre des Indo-Européens a besoin de triturer les faits et les thèses de la décroissance pour pouvoir se les approprier. Il lui faut ignorer nos débats, taire nos positions, bref, écrire un mauvais livre.

Sa manœuvre est manifeste dès le choix du titre. Notre éditeur Parangon a dû lui adresser une lettre recommandée pour qu'il renonce à utiliser le titre annoncé, qui était (par hasard ?) celui de notre propre ouvrage collectif : Objectif décroissance. Fi !, de Benoist a jeté son dévolu sur un autre titre déjà utilisé, celui du livre du bio économiste Georgescu-Roegen traduit en 1979. Belle politique d'entrisme !

Rien sur le social

Dès les premières phrases l'auteur commence par une contre-vérité qui nous apprend beaucoup sur ses intentions réelles : "
Les sociétés anciennes avaient spontanément compris qu'aucune vie sociale n'est possible sans prise en considération du milieu naturel dans lequel elle se déroule." Alain de Benoist n'a-t-il jamais entendu parler de l'effondrement de Babylone ou de celui de l'île de Pâques ? Le patron du GRECE est bien trop érudit pour ignorer ces faits mais il a besoin de les nier pour soutenir sa thèse : tout le mal viendrait du monothéisme, dont le catholicisme romain, l'idéologie du progrès, la "gauche de gauche" seraient les formes les plus abouties...

L'auteur prend la peine de donner à son ouvrage une apparence de livre écologiste. Il accumule les références d'auteurs "écolos" et même "décroissants", il donne des gages d'engagement, il fait mine de participer aux débats qui secouent notre petit monde en faisant attention cependant à ne jamais répondre aux accusations portées contre ses thèses. Cette mise en scène savante cache mal le fait que son bouquin n'est que la reprise (à peine remaniée) de ses vieux textes qui en font toujours un auteur de droite extrême.

La crise écologique serait selon lui une crise "religieuse", au sens de la perte de l'âme des peuples. Cette crise ne pourrait avoir d'issue que dans le retour au paganisme car lui seul permettrait à chaque communauté organique de trouver sa propre âme et son propre Dieu.

Cette vision profondément anti-égalitaire a naturellement sa traduction politique immédiate. Alors que les objecteurs de croissance que nous sommes n'ont de cesse de clamer que la première décroissance que nous souhaitons est celle des inégalités sociales, le gourou de la nouvelle droite ne dit pas un traitre mot sur cette question, totalement absente de son livre. Comme s'il était possible d'en finir avec la domination de tous sur la planète sans remettre en cause parallèlement la domination des uns sur les autres. Comme si l'essentiel n'était pas que 20 % d'humains (indo-européens pour la plupart) s'approprient 86 % des ressources.

Sus à l'égalitarisme

Alain de Benoist ne peut pas marcher dans cette direction car sa pensée est totalement marquée par sa lecture des auteurs de la décadence, comme René Guénon, selon lesquels c'est le règne de la quantité (la démocratisation) qui serait la cause de la grande crise actuelle. De Benoist n'a donc pas changé : il a toujours les mêmes amis.

Il fait toujours profession de foi anti-égalitaire. Pis : à ses yeux les inégalités constituent un bien, car elles permettraient de renouer avec les hiérarchies naturelles. Notre projet politique d'égaliser les conditions sociales est pour lui totalement inacceptable car il renforcerait, selon lui, la décadence qu'il dénonce depuis ses premiers livres : "L'égalitarisme n'égalise que par en bas et cet effondrement de tout ce qui est élevé et différencié dans tout ce qui est homogène, indifférencié, équivaut en fait à l'inversion des hiérarchies", disait-il sous son pseudo de Robert de Herte dans "Éléments" n° 28-29. Certes, de Benoist n'aime pas plus la société économique que nous, mais pour d'autres motifs. Pour lui, la dictature de l'économie est condamnable car elle empêche les humains de reconnaître comme principe premier ce qu'il nomme les hiérarchies, appelées sous d'autres cieux "âme des peuples" ou "système de castes". Son but est de faire du politique "l'appropriation par l'homme d'une personnalité spécifique à l'intérieur d'une identité collective", bref, de redonner naissance aux identités : l'âme bretonne est différente nativement de l'âme savoyarde (donc imaginons un peu ce qu'il en est de l'âme juive ou africaine...).

Aujourd'hui, sous prétexte de démocratie participative, d'autoproduction et de relocalisation, il vise toujours le retour à une société organiciste dans laquelle l'individu serait sans cesse rappelé à l'ordre par sa communauté. Voilà pourquoi le doctrinaire indo-européen combat ce qu'il nomme "l'universalisme et l'égalitarisme abstrait", c'est-à-dire le choix de reconnaître l'humanité comme une. Voilà pourquoi il emprunte à l'écologie profonde la notion de "valeur intrinsèque de la nature". Il s'agit, pour lui, de plonger l'homme dans la nature ou, mieux encore, dans sa propre nature. "L'existence de cultures et de peuples différenciés est elle-même indissociable de l'avenir de l'humanité, tout simplement parce qu'il n'y a pas d'appartenance "immédiate" à l'humanité", écrivait-il en avril 2002 dans le journal italien I"n Fare Verde".

Infiltrations

Nous continuerons, nous, à penser que l'homme est ce qu'il fait et non ce qu'il serait nativement (une identité conçue comme une prison).

C'est pourquoi sa critique du "progressisme" n'est pas de même nature que la nôtre. "Les écologistes (...) doivent (...) regarder d'une autre façon les penseurs de droite qui, souvent avant eux, ont également dénoncé l'idéologie des Lumières" (page 79). Allons donc. De Benoist expliquait déjà dans Vu de droite (1977) ce qu'il entendait par la possibilité de dépasser le clivage gauche-droite : faire des hommes et des femmes de gauche des personnes de droite : "Pour l'heure, les idées que défend cet ouvrage sont à droite ; elles ne sont pas nécessairement de droite. Je peux même très bien imaginer des situations où elles pourraient être à gauche. Ce ne sont pas les idées qui auraient changé, mais le paysage politique qui aurait évolué."

Parce que de Benoist pense que la décroissance a un avenir, il aimerait l'utiliser pour passer en contrebande ses thèses inégalitaires. L'auteur n'en est pas à sa première OPA sur les idées qui montent. En utilisant déjà pour cela un verbiage trompeur, il a tenté d'infiltrer autrefois le tiers-mondisme par son bouquin Europe, tiers-monde, même combat (1986), puis l'anti-utilitarisme, obligeant Alain Caillé, le fondateur du mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales (MAUSS), à publier une "lettre ouverte à Alain de Benoist, précisant une fois pour toutes que le MAUSS n'a rien à voir avec la Nouvelle Droite."

Les idées d'Alain de Benoist proviennent toujours de cette même idéologie nauséabonde, même si provisoirement il se croit obligé de les colorer d'écologie et même de décroissance. Osons le dire : nous ne souhaitons pas le dialogue avec de Benoist et nous sommes prêts à croiser encore et toujours le fer dans ce combat multiséculaire des mêmes contre les mêmes.

Paul Ariès, La décroissance, février 2008


N.d.l.r. : Dans cet article, M. Paul Ariès cite une phrase de M. Alain de Benoist, extraite du livre Demain la décroissance : "Les écologistes (...) doivent (...) regarder d'une autre façon les penseurs de droite qui, souvent avant eux, ont également dénoncé l'idéologie des Lumières" (page 79). Dans un souci de rigueur intellectuelle et pour éviter d'encourager les citations tronquées, nous reportons ici l'extrait dans son intégralité : "Les écologistes, qui continuent le plus souvent de se situer à gauche, et qui ont bien le droit de le faire, doivent donc réaliser que la gauche dont ils se réclament est nécessairement très différente de celle qu'a engendrée la pensée des Lumières. Ils doivent de ce fait regarder d'une autre façon les penseurs de droite qui, souvent avant eux, ont également dénoncé l'idéologie des Lumière, étant entendu que les hommes de droite doivent, de leur côté, porter eux aussi un autre regard sur cette autre gauche. Cela implique, de part et d'autre, une prise de conscience de l'émergence d'un paysage idéologique complètement nouveau, qui rend les anciens clivages obsolètes et a pour conséquence d'inévitables convergences. Pour le dire en d'autres termes, une gauche socialiste qui aurait su en finir avec le "progressisme" serait aujourd'hui le partenaire absolument naturel d'une droite qui, de son côté, aurait su rompre avec l'autoritarisme, la métaphysique de la subjectivité (Heidegger) et la logique du profit."

mardi 16 mars 2010

"L'environnement est un défi industriel" (L'insurrection qui vient)



L'écologie, c'est la découverte de l'année. Depuis trente ans, qu'on laissait ça aux Verts, qu'on en riait grassement le dimanche, pour prendre l'air concerné le lundi. Et voilà qu'elle nous rattrape. Qu'elle envahit les ondes comme un tube en été, parce qu'il fait vingt degrés en décembre.

Un quart des espèces de poissons a disparu des océans. Le reste n'en a plus pour longtemps.

Alerte de grippe aviaire : on promet d'abattre au vol les oiseaux migrateurs, par centaines de milliers.

Le taux de mercure dans le lait maternel est de dix fois supérieur au taux autorisé dans celui des vaches. Et ces lèvres qui gonflent quand je croque dans la pomme - elle venait pourtant du marché. Les gestes les plus simples sont devenus toxiques. On meurt à trente-cinq ans "d'une longue maladie" que l'on gérera comme on a géré tout le reste. Il aurait fallu tirer les conclusions avant qu'elles ne nous mènent là, au pavillon B du centre de soins palliatifs.

Il faut l'avouer : toute cette "catastrophe", dont on nous entretient si bruyamment, ne nous touche pas. Du moins, pas avant qu'elle ne nous frappe par une de ses prévisibles conséquences. Elle nous concerne peut-être mais elle ne nous touche pas. Et c'est bien là la catastrophe.

Il n'y a pas de "catastrophe environnementale". Il y a cette catastrophe qu'est l'environnement. L'environnement, c'est ce qu'il reste à l'homme quand il a tout perdu. Ceux qui habitent un quartier, une rue, une vallon, une guerre, un atelier, n'ont pas d' "environnement", ils évoluent dans un monde peuplé de présences,
de dangers, d'amis, d'ennemis, de points de vie et de points de mort, de toutes sortes d'êtres. Ce monde a sa consistance, qui varie avec l'intensité et la qualité des liens qui nous attachent à tous ces êtres, à tous ces lieux. Il n'y a que nous, enfants de la dépossession finale, exilés de la dernière heure - qui viennent au monde dans des cubes de béton, cueillent des fruits dans les supermarchés et guettent l'écho du monde à la télé - pour avoir un environnement. Il n'y a que nous pour assister à notre propre anéantissement comme s'il s'agissait d'un simple changement d'atmosphère. Pour s'indigner des dernières avancées du désastre, et en dresser patiemment l'encyclopédie.

* * *

Ce qui s'est figé en un environnement, c'est un rapport au monde fondé sur la gestion, c'est-à-dire sur l'étrangeté. Un rapport au monde tel que nous ne sommes pas faits aussi bien du bruissement des arbres, des odeurs de friture de l'immeuble, du ruissellement de l'eau, du brouhaha des cours d'école ou de la moiteur des soirées d'été, un rapport au monde tel qu'il y a moi et mon environnement, qui m'entoure sans jamais me constituer. Nous sommes devenus voisins dans une réunion de copropriété planétaire. On n'imagine guère plus complet enfer.

Aucun milieu matériel n'a jamais mérité le nom d' "environnement", à part peut-être maintenant la métropole. Voix numérisée des annonces vocales, tramway au sifflement si XXIe siècle, lumière bleutée de réverbères en forme d'allumette géante, piétons grimés en mannequins ratés, rotation silencieuse d'une caméra de vidéo-surveillance, tintement lucide des bornes du métro, des caisses du supermarché, des badgeuses du bureau, ambiance électronique du cybercafé, débauche d'écrans plasma, de voies rapides et de latex. Jamais décor ne se passe si bien des âmes qui le traversent. Jamais milieu ne fut plus automatique. Jamais contexte ne fut plus indifférent et n'exigea en retour, pour y survivre, une si égale indifférence. L'environnement, ce n'est finalement que cela : le rapport au monde propre à la métropole qui se projette sur tout ce qui lui échappe.

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La situation est la suivante : on a employé nos pères à détruire ce monde, on voudrait maintenant nous faire travailler à sa reconstruction et que celle-ci soit, pour comble, rentable. L'excitation morbide qui anime désormais journalistes et publicitaires à chaque nouvelle preuve du réchauffement climatique dévoile le sourire d'acier du nouveau capitalisme vert, celui qui s'annonçait depuis les années 1970, que l'on attendait au tournant et qui ne venait pas. Eh bien, le voilà ! L'écologie, c'est lui ! Les solutions alternatives, c'est encore lui ! Le salut de la planète, c'est toujours lui ! Plus aucun doute : le fond de l'air est vert ; l'environnement sera le pivot de l'économie politique du XXie siècle. A chaque poussée de catastrophisme correspond désormais une volée de "solutions industrielles".

L'inventeur de la bombe H, Edward Teller, suggère de pulvériser des millions de tonnes de poussière métallique dans la stratosphère pour stopper le réchauffement climatique. La Nasa, frustrée d'avoir dû ranger sa grande idée de bouclier antimissile au musée des fantasmagories de la guerre froide, promet la mise en place au-delà de l'orbite lunaire d'un miroir géant pour nous protéger des désormais funestes rayons du soleil. Autre vision d'avenir : une humanité motorisée roulant au bioéthanol de Salo-Paulo à Stockholm ; un rêve de céréalier beauceron, qui n'implique après tout que la conversion de toutes les terres arables de la planète en champs de soja et de betterave à sucre. Voitures écologiques, énergies propres, consulting environnemental coexistent sans mal avec la dernière publicité Chanel au fil des pages glacées des magazines d'opinion.

C'est que l'environnement a ce mérite incomparable d'être, nous dit-on, le premier problème global qui se pose à l'humanité. Un problème global, c'est-à-dire un problème dont seuls ceux qui sont organisés globalement peuvent détenir la solution. Et ceux-là, on les connait. Ce sont les groupes qui depuis près d'un siècle sont à l'avant-garde du désastre et comptent bien le rester, au prix minime d'un changement de logo. Qu'EDF ait l'impudence de nous resservir son programme nucléaire comme nouvelle solution à la crise énergétique mondiale dit assez combien les nouvelles solutions ressemblent aux anciens problèmes.

Des secrétariats d'État aux arrières-salles des cafés alternatifs, les préoccupations se disent désormais avec les mêmes mots, qui sont au reste les mêmes que toujours. Il s'agit de se mobiliser. Non pour la reconstruction, comme dans l'après-guerre, non pour les Éthiopiens, comme dans les années 1980, non pour l'emploi, comme dans les années 1990. Non, cette fois, c'est pour l'environnement. Il vous dit bien merci. Al Gore, l'écologie à la Hulot et la décroissance se rangent aux côtés des éternelles grandes âmes de la République pour jouer leur rôle de réanimation du petit peuple de gauche et de l'idéalisme bien connu de la jeunesse. L'austérité volontaire en étendard, ils travaillent bénévolement à nous rendre conformes à "l'état d'urgence écologique qui vient". La masse ronde et gluante de leur culpabilité s'abat sur nos épaules fatiguées et voudrait nous pousser à cultiver notre jardin, à trier nos déchets, à composter bio les restes du festin macabre dans et pour lequel nous avons été pouponnés.

Gérer la sortie du nucléaire, les excédents de CO2 dans l'atmosphère, la fonte des glaces, les ouragans, les épidémies, la surpopulation mondiale, l'érosion des sols, la disparition massive des espèces vivantes... voilà quel serait nos fardeau. "C'est à chacun que revient de changer ses comportements", disent-ils, si l'on veut sauver notre beau modèle civilisationnel. Il faut consommer peu pour pouvoir encore consommer. Produire bio pour pouvoir encore produire. Il faut s'autocontraindre pour pouvoir encore contraindre. Voilà comment la logique d'un monde entend se survivre en se donnant des airs de rupture historique. Voilà comment on voudrait nous convaincre de participer aux grands défis industriels du siècle en marche. Hébétés que nous sommes, nous serions prêts à sauter dans les bras de ceux-là même qui ont présidé au saccage, pour qu'ils nous sortent de là.

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L'écologie n'est pas seulement la logique de l'économie totale, c'est aussi la nouvelle morale du Capital. L'état de crise interne du système et la rigueur de la sélection en cours sont tels qu'il faut à nouveau un critère au nom duquel opérer de pareils tris. L'idée de vertu n'a jamais été, d'époque en époque, qu'une invention du vice. On ne pourrait, sans l'écologie, justifier l'existence dès aujourd'hui de deux filières d'alimentation, l'une "saine et biologique" pour les riches et leurs petits, l'autre notoirement toxique pour la plèbe et ses rejetons promis à l'obésité. L'hyper-bourgeoisie planétaire ne saurait faire passer pour respectable son train de vie si ses derniers caprices n'étaient pas scrupuleusement "respectueux de l'environnement". Sans l'écologie, rien n'aurait encore assez d'autorité pour faire taire toute objection aux progrès exorbitants du contrôle.

Traçabilité, transparence, certification, éco-taxes, excellence environnementale, police de l'eau laissent augurer de l'état d'exception écologique qui s'annonce. Tout est permis à un pouvoir qui s'autorise de la Nature, de la santé et du bien-être.

"Une fois que la nouvelle culture économique et comportementale sera passée dans les mœurs, les mesures coercitives tomberont sans doute d'elles-mêmes." Il faut tout le ridicule aplomb d'un aventurier de plateau télé pour soutenir une perspective aussi glaçante et nous appeler dans un même temps à avoir suffisamment "mal à la planète" pour nous mobiliser et à rester suffisamment anesthésiés pour assister à tout cela avec retenue et civilité. Le nouvel ascétisme bio est le contrôle de soi qui est requis de tous pour négocier l'opération de sauvetage à quoi le système s'est lui-même acculé. C'est au nom de l'écologie qu'il faudra désormais se serrer la ceinture, comme hier au nom de l'économie. La route pourrait bien sûr se transformer en pistes cyclables, nous pourrions même peut-être, sous nos latitudes, être un jour gratifiés d'un revenu garanti, mais seulement pour prix d'une existence entièrement thérapeutique. Ceux qui prétendent que l'auto-contrôle généralisé nous épargnera d'avoir à subir une dictature environnementale mentent : l'un fera le lit de l'autre, et nous aurons les deux.

Tant qu'il y aura l'Homme et l'Environnement, il y aura la police entre eux.

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Tout est à renverser dans les discours écologistes. Là où ils parlent de "catastrophes" pour désigner les dérapages du régime actuel de gestion des êtres et des choses, nous ne voyons que la catastrophe de son si parfait fonctionnement. La plus grande vague de famine connue jusqu'alors dans la zone tropicale (1876-1879) coïncide avec une sécheresse mondiale, mais surtout avec l'apogée de la colonisation. La destruction des mondes paysans et des pratiques vivrières avait fait disparaître les moyens de faire face à la pénurie. Plus que le manque d'eau, ce sont les effets de l'économie coloniale en pleine expansion qui ont couvert de millions de cadavres décharnés toute la bande tropicale. Ce qui se présente partout comme catastrophe écologique n'a jamais cessé d'être, en premier lieu, la manifestation d'un rapport au monde désastreux. Ne rien habiter nous vulnérables au moindre cahot du système, au moindre aléa climatique. Pendant qu'à l'approche du dernier tsunami les touristes continuaient de batifoler dans les flots, les chasseurs-cueilleurs des îles se hâtaient de fuir les côtes à la suite des oiseaux. Le paradoxe présent de l'écologie, c'est que sous prétexte de sauver la Terre, elle ne sauve que le fondement de ce qui en a fait cet astre désolé.

La régularité du fonctionnement mondial recouvre en temps normal notre état de dépossession proprement catastrophique. Ce que l'on appelle "catastrophe" n'est que la suspension forcée de cet état, l'un de ces rares moments où nous regagnons quelque présence au monde. Qu'on arrive plus tôt que prévu au bout des réserves de pétrole, que s'interrompent les flux internationaux qui maintiennent le tempo de la métropole, que l'on aille au devant de grands dérèglements sociaux, qu'advienne l' "ensauvagement des populations", la "menace planétaire", la "fin de la civilisation" ! N'importe quelle perte de contrôle est préférable à tous les scénarios de gestion de crise. Les meilleurs conseils, dès lors, ne sont pas à chercher du côté des spécialistes en développement durable. C'est dans les dysfonctionnements, les court-circuits du système qu'apparaissent les éléments de réponse logique à ce qui pourrait cesser d'être un problème. Parmi les signataires du protocole de Kyoto, les seuls pays à ce jour qui remplissent leurs engagements sont, bien malgré eux, l'Ukraine et la Roumanie. Devinez pourquoi. L'expérimentation la plus avancée à l'échelle mondiale en fait d'agriculture "biologique" se tient depuis 1989 sur l'île de Cuba. Devinez pourquoi. C'est le long des pistes africaines, et pas ailleurs, que la mécanique automobile s'est élevée au rang d'art populaire. Devinez comment.

Ce qui rend la crise désirable, c'est qu'en elle l'environnement cesse d'être l'environnement. Nous sommes acculés à renouer un contact, fût-il fatal, avec ce qui est là, à retrouver les rythmes de la réalité. Ce qui nous entoure n'est plus paysage, panorama, théâtre, mais bien ce qu'il nous est donné d'habiter, avec quoi nous devons composer, et dont nous pouvons apprendre. Nous ne nous laisserons pas dérober par ceux qui l'ont causée les possibles contenus dans la "catastrophe". Là où les gestionnaires s'interrogent platoniquement sur comment renverser la vapeur "sans casser la baraque", nous ne voyons d'autre option réaliste que de "casser la baraque" au plus tôt, et de tirer parti, d'ici là, de chaque effondrement du système pour gagner en force.

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La Nouvelle-Orléans, quelques jours après le passage de l'ouragan Katrina. Dans cette atmosphère d'apocalypse, une vie, ça et là, se réorganise. Devant l'inaction des pouvoirs publics, plus occupés à nettoyer les quartiers touristiques du "Carré français" et à en protéger les magasins qu'à venir en aide aux habitants pauvres de la ville, des formes oubliées renaissent. Malgré les tentatives parfois musclées de faire évacuer la zone, malgré les parties de "chasse au nègre" ouvertes pour l'occasion par des milices suprématistes, beaucoup n'ont pas voulu abandonner le terrain. Pour ceux-là, qui ont refusé d'être déportés comme "réfugiés environnementaux" aux quatre coins du pays et pour ceux qui, d'un peu partout, ont décidé de les rejoindre par solidarité à l'appel d'un ancien Black Panther, resurgit l'évidence de l'auto-organisation. En l'espace de quelques semaines est mise sur pied la Common Ground Clinic. Ce véritable hôpital de campagne dispense dès les premiers jours des soins gratuits et toujours plus performants grâce à l'afflux incessant de volontaires. Depuis un an maintenant, la clinique est à la base d'une résistance quotidienne à l'opération de table rase menée par les bulldozers du gouvernement en vue de livrer toute cette partie de la ville en pâture aux promoteurs. Cuisines populaires, ravitaillement, médecine de rue, réquisitions sauvages, construction d'habitats d'urgence : tout un savoir pratique accumulé par les uns et les autres au fil de la vie a trouvé là l'espace de se déployer. Loin des uniformes et des sirènes.

Qui a connu la joie démunie de ces quartiers de la Nouvelle-Orléans avant la catastrophe, la défiance vis-à-vis de l'État qui y régnait déjà et la pratique massive de la débrouille qui y avait cours ne sera pas étonné que tout cela y ait été possible. Qui, à l'opposé, se trouve pris dans le quotidien anémié et atomisé de nos déserts résidentiels pourra douter qu'il s'y trouve une telle détermination. Renouer avec ces gestes enfouis sous des années de vie normalisée est pourtant la seule voie praticable pour ne pas sombrer avec ce monde. Et que vienne un temps dont on s'éprenne.


Extrait de L'insurrection qui vient,
Comité invisible
La fabrique éditions, 2007